dimanche 15 novembre 2020

L'inquiétude

 

L'inquiétude ne vide pas demain de sa peine, elle vide aujourd'hui de sa force. 

Corrie Ten Boom

samedi 17 octobre 2020

samedi 26 septembre 2020

Deux fils et un même Père


 

Matthieu 21:28-32


Comme ses 2 fils, chacun de nous est invité à prendre part au projet de Dieu sur cette terre, chacun de nous est invité à être un relai, un reflet de la grâce de Dieu. Chacun de nous est invité à prendre soin de cette terre, et de ceux qui vivent. N

Quelle est notre réponse, c’est là toute la question, comment répondons-nous à l’appel de Dieu, lequel de ces fils sommes-nous.

Dieu nous invite à participer à la construction d’un monde meilleur, à poser des gestes, des mots qui transmettent la bonté reçue, la bienveillance, l’amou.


Mais voilà, le premier fils dit NON ! Il est dans l’opposition, le refus.

Et le père accepte ce non, sans pulvériser son fils. Ce père c’est Dieu qui sait encaisser le non des hommes.  L'amour réel, authentique, sait accepter le non. Il n'impose rien, mais place devant un choix. L'amour accepte, parce qu'il croit la repentance possible.

Et il a bien raison ce père d’espérer le meilleur, car effectivement son fils va finalement travailler dans la vigne. Cette parabole, est en fait un message de consolation. Elle montre que la révolte n'est pas nécessairement définitive, qu'elle peut, comme chez le fils prodigue, déboucher sur le remords et la conversion. C'est une parabole d'espérance, car Dieu est un Dieu d'espérance. Il espère envers et contre tout. Il croit au meilleur en nous même

  • Et puis il y a LE FILS QUI RÉPOND «  OUI » MAIS NE VA PAS TRAVAILLER.

Faire le bien, c'est plus facile à vouloir qu'à faire. Promis je commence demain…Cette expérience est universelle, et la Bible prend en compte cette réalité.IL y a des gens qui ont toujours plein de bonnes intentions…des cantines entières….et puis ça en reste là ! c’est tellement décevant. L’adage le dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Ce père n’en veut pas à ce fils, de ne pas arriver à se maîtriser totalement, Dieu ne pulvérise pas non plus, ce fils qui ne tient pas ses promesses, il attend de lui aussi un changement. Il attend ses fils, et ses fils c’est chacun de nous.

Et nous, Que faisons-nous de la foi reçue ?

Que semons-nous aujourd’hui dans notre quotidien, auprès de notre entourage ? est-ce que nous prenons part au travail de cette vigne, est-ce que nous nous sentons responsable et prenons soin de la création, de nos prochains. Est-ce que la foi, l’espérance et l’amour sont au cœur de nos vies ?

Sommes-nous dans la bienveillance envers chacun, même envers ceux qui nous déçoivent ?

Dieu nous ouvre une perspective, un chemin. Le second fils nous invite à lui dire « Me voici, tel que je suis, Seigneur », en confiance. Dieu nous aide à cheminer, il nous montrera ensuite ce que nous pourrions faire dans la vigne, sur cette terre, comment y inscrire la foi l’espérance et l’amour.

Il y a tant de joie à avancer, que chaque retard d’une seconde est une perte infinie. C’est pour cela que nous prions le Notre Père avec cette requête : que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
En chacun de nous il y a une part de ciel et une part de terre.
En nous, le ciel, c’est notre envie de bien faire, de rayonner, l’espérance qui nous anime, le lieu de la présence de Dieu qui nous fait dépasser l’insoutenable insignifiance de notre être et de notre vie.

La terre, en nous, c’est ce qui est soumis à l’épreuve du temps qui passe. C’est notre corps, c’est nos relations, c’est ce que nous construisons et ce que nous détruisons, notre quotidien, notre réalité. C’est le concret de la vie, c’est le présent. Et parfois, il y a une tension entre notre ciel et notre terre.
Peut-être qu’aux deux fils il manque quelque chose, face à cette demande du Notre Père : « que ta volonté vive sur ma terre comme dans mon ciel »
Quand nous demandons à Dieu que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel, nous demandons, de pouvoir écrire dans notre quotidien, dans la réalité de nos vies sur cette terre, toute notre espérance et notre foi en un Dieu qui nous conduit .

Que cette espérance nous transforme de l’intérieur, qu’elle envahisse notre être entier : notre ciel comme notre terre.

Père : que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Amen !



samedi 19 septembre 2020

les ouvriers de la 11° heure

Matthieu 20,1-16





La parabole de ce jour, vient nous rappeler que Le Royaume de Dieu n’est pas quelque chose qui se gagne par son mérite, mais un don qui s’accueille, et pour l’accueillir, il faut avoir la place, et l’humilité.

Le message, c’est que tu peux toujours te donner tout le mal que tu veux, tu n’es pas totalement maître de ce qui t’arrive

Ainsi le maître de la vigne s’adresse-t-il à l’ouvrier de la première heure en lui disant en quelque sorte : « écoute, tu as ton denier, qu’est-ce qui t’empêche d’en profiter ». Oui, il a une chance, mais ce qui l’empêche d’en profiter, c’est sa jalousie, parce qu’il regarde dans l’assiette du voisin. Il y a là une invitation très claire à ne pas se comparer avec son voisin !

Mais il n’est pas évident de sortir de cette logique de jugement et de comparaison, nous sommes dans une société qui n’arrête pas de nous juger, de nous classer. Le message est clair : sortez de là ! Dieu ne veut pas de vos classements de premiers et derniers.

Arrêtez de regarder l’autre qui a plus que vous tout en faisant moins bien que vous, et profitez de votre denier. Vous avez vous mêmes largement ce qu’il faut. Profite de ce que tu as. Tu as assez pour vivre avec ça. Ton malheur, c’est toi qui te le provoques en regardant dans l’assiette de l’autre !

Il faut absolument sortir de cette logique du mérite qui pollue tout ! Accepter de regarder les grâces que nous recevons.

Peut-être qu’un moment ou l’autre, la chance peut frapper à votre porte, soyez prêts à ce moment-là à accueillir la grâce. Cela permet non seulement d’éviter d’être jaloux, mais aussi de s’ouvrir à la possibilité d’accueillir l’inattendu l’inespéré. Cette chance que je ne mérite pas, il faut que je sois en mesure de l’accueillir.

On nous a enseigné aussi la valeur de la réussite, du travail : il faut se battre, travailler dur pour réussir. Vouloir être le meilleur... Tout cela est parfaitement naturel.

L’Évangile ne demande pas d’y renoncer, mais de savoir que ce n’est pas la réalité profonde de l’humain. Et donc il faut se battre dans ce monde... Mais de temps en temps venir à l’Église et s’offrir un grand shoot de grâce, d’amour et d’ouverture. Il me faut avoir un endroit où je ne suis pas jugé, pas classé, où je suis aimé tel que je suis. C’est ça qui donne l’énergie qui permet de vivre.

Devant Dieu je ne suis en compét avac personne, je suis aimée, infiniment aimée.


Dieu a pour nous le regard de l’amour. Et chacun de nous est pour lui le premier ! Chacun de nous est le fils préféré, la fille adorée. Celui-celle en qui il a confiance, qui hérite de tous ses biens. C’est la parole fondatrice qui a été dite sur nous le jour de notre baptême : comme elle a raisonné du ciel lors du baptême de Jésus : Toi « tu es mon enfant bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour » (Matt. 3:17).

Penser à la parabole de l’ouvrier de la 11° heure, c’est comprendre que le sens de nos vies ne dépend pas uniquement de ce que l’on fait, mais bien plus de ce que l’on on reçoit.

 

dimanche 13 septembre 2020

Pardonner l'impardonnable

 Math 18 : 23-35 Le serviteur impitoyable


Ce texte nous dit voilà comment ça marche le pardon : Dieu ne se contente pas de pardonner. Il donne aussi à l'homme le pouvoir de pardonner. I

 

Lorsqu’on pense aux offenses subies ou commises, nous avons envie d’ajouter qu’il y a quand même des actes que nous ne pouvons pas pardonner.

Hé, bien ! c’est justement là la force du pardon : On ne peut pardonner que l’impardonnable.

Quand on évoque le pardon, on parle d’une dette qui ne pourrait être remise. Il s’agit d’une blessure qui ne se refermera pas, ou du moins qui laissera une cicatrice bien visible.

Offrir et recevoir le pardon, c’est apprendre à vivre ensemble ou à revivre ensemble après quelque chose de douloureux. 

C’est accepter une manière possible de vivre après l’inacceptable, accepter la blessure, mais ne pas en être défiguré, au contraire faire de ses cicatrices quelque chose qui nous rend plus beau, plus aimant, plus grand.

Pour supporter de continuer de vivre après que quelque chose d’insupportable s’est passé, il faut une force qui vient d’ailleurs. Il faut un soutien qui dépasse nos propres forces. Il faut un souffle qui inspire notre respiration alors que nous manquons d’air. Le pardon  nous ouvre à la  liberté. C’est comme un immense appel d’ air, qui nous emporte et qui nous entraine là où il fait bon respirer. Pardonner c’est reprendre son souffle.

On  garde parfois des blessures bien longtemps avant de savoir comment faire pour pardonner. Pardonner c’est pas humain, c’est la part divine que Dieu met en nous, seul son souffle léger peut le faire en nous et par nous.


Et c’est bien pour cela que je peux prier le Notre Père toujours à nouveau : Notre Père… pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

C’est demander que le ciel vienne sur la terre.

Quand nous faisons ce que Dieu fait, quand Dieu agit dans ce que nous faisons, nous n’agissons pas de notre propre spontanéité. Nous nous laissons déborder par quelqu’un qui est plus grand que nous. Nous débordons d’une vie qui dépasse les dimensions de notre vie

Ceux qui pardonnent sont les guérisseurs de l’humanité.

Plutôt que de rêver de revanche ou de vengeance, ils arrêtent le mal d’eux-mêmes…Pardonner, c’est l’acte le plus puissant qu’il soit donné aux hommes d’accomplir.

Les êtres blessés qui pardonnent transforment leur propre blessure.

Ils guérissent – là où ils sont – la plaie qui défigure l’humanité depuis ses origines. Celui ou celle qui pardonne ressemble à Jésus.Celui ou celle qui pardonne rend Dieu présent.                        


lundi 31 août 2020

Pasteur Oberlin

 #HistoireDuProtestantisme - 1740 : Naissance du pasteur Jean-Frédéric Oberlin

L'alsacien Jean-Frédéric Oberlin (1740 - 1826) est une figure marquante du piétisme luthérien. Pasteur au Bau de la Roche, il crée une industrie de la laine et du coton, améliore l'agriculture et le réseau routier pour désenclaver la commune et se préoccupe des conditions d'hygiène et de logement des habitants. Dans le domaine pédagogique, Oberlin se montre très innovant en élaborant un système de formation continue de la petite enfance à l'âge adulte.




samedi 25 juillet 2020

la chasse au trésor


L’image contient peut-être : texte qui dit ’Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ, qu'un homme trouvé et qu'il cache; et dans sa joie, il s'en va et vend tout ce qu'il a, et achète ce champ-là. Matthien 13.44 La foi en Jésus ouvre les trésors célestes! Un d'Amour! Message’

 Si vous trouviez un trésor dans un champ Qu’est-ce que vous feriez ?
Qu’est-ce que 99,99999% des gens feraient ? Ils sauteraient en l’air de
joie et partiraient avec le trésor vivre comme bon leur chante. Dans
l’histoire de Jésus, pas du tout, bien au contraire. La personne qui a
trouvé le trésor le remet en terre et va acheter le champ.
C’est que le champ dont parle ici Jésus évoque notre vie. Et ce trésor fait
aimer la vie, il fait aimer ce monde. L’expérience de la rencontre avec
Dieu ne donne pas envie de quitter le monde mais de l’aimer, de
s’enthousiasmer pour lui.
Et c’est cela, le Royaume de Dieu : c’est quand Dieu arrive à nous faire
aimer la vie. Alors, comme ce paysan, on aime le champ, et on aime que
ce trésor soit là en plein cœur du champ.
Avoir la foi cela donne envie de dire oui à la vie avec joie. Cela permet de
voir tout autrement, en perspective, les êtres, les événements et les
choses de la vie.
 Jésus laisse l' histoire en suspend afin de
nous laisser écrire la suite  avec notre propre vie, avec nos
propres engagements dans le monde.
Vivre le Royaume de Dieu c’est
vivre quelque chose comme cette histoire, à notre façon, par petites
touches ou par grands bonds. Car parfois c’est un grand trésor que nous
trouvons, parfois ce ne sont que de petites pièces d’or qui jalonnent notre
histoire.

   À chacun de nous, ces paraboles disent : dans ton monde,
dans ta vie, dans ton champ , là où tu habites et où tu travailles
se trouvent des trésors enfouis et des perles de grand prix. Non
pas ailleurs, autre part, au loin, mais ici même... Au sein de
l’ordinaire, se cache de l’extraordinaire qui peut jaillir à
chaque moment. Tu portes en toi de l’inattendu, un trésor
caché
Nous ne sommes pas de la boue ni de la pacotille. Il y a en nous
un trésor, cet amour de Dieu qui voit en nous, qui fait de nous des êtres
infiniment précieux.

dimanche 19 juillet 2020

Lire et méditer

Les bienfaits de la lecture - Edilivre - publier un livre en ligne
Lire et méditer  pour prendre racine, s'ancrer dans la vie avec tout l'amour reçu de Dieu
Lire et méditer, pour s'épanouir, s'élever, et se savoir porté dans la vie par tout l'amour d'un Dieu attentif
Lire et méditer, comme une parenthèse bienfaisante, structurante, apaisante

le bon grain et l'ivraie de nos vies

Ce texte de l'évangile de Matthieu, chapitre 13,  pose pour nous la question du mal. La question qui hante nos vies.
Pourquoi Dieu Permet ? Pourquoi Dieu laisse-t-il faire ?
 Une des questions les plus redoutables auxquelles un chrétien peut être confronté est celle de l’existence du mal.
  



 

Le ton de cette parabole est très calme, pour nous dire qu’il est urgent d’attendre. Aux impétueux, aux fous de la gâchette Dieu vient appeler à la patience. La foi chrétienne ne fait pas de place aux talibans qui exterminent ceux qui ne pensent pas comme eux. L’évangile c’est pas DAECH.

Pas de diable, pas d’anges vengeurs, pas de fournaise. Mais au moment des moissons, quelqu’un d’autre que moi débarrassera le bon blé de ce qui risquait de le corrompre.

La vraie crainte du maître semeur, c’est que ses serviteurs, n’arrachent en même temps le bon grain et l’ivraie, et ne fassent le mal avec les meilleures intentions du monde.
Cette parabole est une invitation à être comme ce semeur, à faire confiance au temps de Dieu, à vivre dans la paix et la patience, dans l’acceptation.
Cette parabole nous libère et nous donne notre place : celle de croître dans la grâce.


Dans notre monde, le bien et le mal s’affrontent, Plus nous prenons soin du blé, moins il restera d’espace pour l’ivraie ! Si nous ne pouvons vaincre le mal, alors du moins noyons-le dans un océan de bien ! Étouffons le mal par le bien
Nous ne sommes pas appelés à arracher le mal du monde par la force mais à tenir debout face au mal.

Le tri n’est pas de notre ressort ! Il ne nous appartient donc pas de commencer à trier aujourd’hui. N’arrachons pas trop vite, ne condamnons pas trop vite ce qui paraît mauvais.



Ne vous inquiétez pas, ne jugez pas avant le temps, mettez votre confiance dans le maître de l'histoire. Voilà la réponse que nous donne la parabole de Jésus aux questions que nous nous posons lorsque nous sommes confrontés au mal.
Débarrassés de l'illusion que nous puissions déraciner le mal, nous pouvons devenir très pratiquement des témoins du règne de Dieu qui est un règne de paix.

Ce texte parle de chacun de nous, nous sommes cette bonne semence, cette bonne graine en laquelle Dieu place sa confiance. Et autour de nous il y a cette autre graine, cette mauvaise herbe qui vient s’accrocher à nos racines . Dieu ne me rejette pas, quand bien même en moi il y a des zones d’ombres, des zones peu reluisantes. Il fait confiance au bon qui est en moi pour prendre le dessus. En nous-mêmes, il y a du bon grain et du moins bon.
Mais le maitre est patient, et de peur d’arracher le bon grain avec le mauvais, il nous laisse le temps, le temps de grandir, d’évoluer, de choisir quelle plante nous voulons être

Dieu a confiance en chacun de nous, il croit en nous. Amen



vendredi 17 juillet 2020

Le temps d'après

Émouvante et délicate lettre de Marion Muller-Colard

Je vous écris d’une clairière. Une clairière d’espace et de temps. Je reprends la parole après que le virus m’a coupé les mots dans la gorge. Je reprends une parole convalescente et je ne sais pas même à quelle adresse l’envoyer. Êtes-vous là où j’aurais pu, avant, vous imaginer ? Comment savoir ce que cette folle parenthèse du confinement vous a pris ou vous a donné ? Comment m’adresser indifféremment à ceux d’entre vous qui ont perdu des êtres chers et à ceux qui, épargnés, ont aimé que le temps s’arrête pour mieux regarder leurs enfants grandir ? À ceux qui ont perdu leur emploi, à ceux qui ont travaillé sans plus compter ni les heures ni les nuits, à ceux qui n’arrivent plus à travailler car tout leur semble soudain vain et absurde ?

S’il s’agit de parler du monde d’après, allons-y lentement, voulez-vous ? L’heure est à la délicatesse, et nous avons des plaies impensables à panser. Nous, mais aussi chacun. Je cherche où et comment arrimer, je voudrais vous trouver sur le quai. De ma clairière je ne suis pas sortie pendant de longues semaines, la vie y était sauvage et indifférente aux voix de robots qui, en boucle, assènent des messages d’alerte ; de jeunes brocards, une jeune chevrette, ruminaient sous nos fenêtres, jusqu’à ce qu’à l’aube d’un nouveau jour, un petit faon malhabile sur ses jambes s’ajoute à cette faune devenue familière. Extase que d’assister à cette célébration sans y avoir été invités, par l’accident de notre présence humaine, chassés de notre lit par un excès d’agitation cérébrale. Seulement l’extase, il faut savoir la rendre : cela ne répare pas un monde ; et d’une clairière de contemplation suspendue, il faut savoir sortir. Reprendre la parole me paraît pourtant une entreprise extrêmement risquée. Si risquée, peut-être, que d’aucuns ne l’ont pas lâchée, la parole, nonobstant l’obsolescence programmée de leurs propos, trop angoissés peut-être que l’inédit les empêche de dire. J’ai eu peur aussi : la parole est mon métier, la Parole ma formation. Pourtant je l’ai perdue ; et m’adresser à vous me tient lieu de rééducation. Alors, s’il vous plaît, allons-y lentement : l’urgence requiert une lenteur concentrée.

De quoi voulez-vous parler ? Du monde d’après, vraiment ? Deux si gros mots accolés l’un à l’autre, à engloutir ? J’ai jeûné de mots dès la mi-Carême et encore après Pâques, on ne me fera pas avaler ces mots-là pour rompre mon jeûne. « Monde » ? Trop grand. Je veux bien sortir de ma clairière, réapprivoiser la face politique de ma vie, mais donnez-moi des mots à ma portée, parlons-nous en circuits courts, sans trop d’intermédiaires. Je n’ai pas les moyens de parler du monde : il est régi par des lois qui évoluent plus vite que la compréhension que je peux en avoir. Pardonnez cet aveu : il n’est pas d’impuissance, il est de non-pouvoir. Mais de l’Évangile j’ai appris qu’on peut trouver sa puissance à renoncer à pouvoir. Je ne suis pas prophète, je ne parlerai pas du monde, et ce n’est pas non plus à trop de monde que je peux m’adresser : puisque j’ai encore la voix enrouée, laissez-moi essayer de m’adresser à chacun plutôt qu’à tous, m’arrimer à un frère humain insoupçonné, pour vous redonner un visage patiemment alors que dehors je ne vous vois que masqués.

L’« après » ? Il est masqué aussi, et à vouloir trop vite le dévoiler, nous risquons d’en abîmer les promesses. Mais ce qu’aucune crise ne pourra nous prendre, c’est le maintenant. Ce maintenant que l’Évangile propose de convertir en éternité. Alors parlons doucement, voulez-vous ? Non pas de ce qui a changé mais de ce qui a tenu. Non pas des points de rupture mais des points de suture. Non pas de ce que nous avons perdu mais de ce qui est imprenable. Dans ce monde où la répétition inlassable des erreurs se déguise en changement dans un tourbillon si rapide qu’elle parvient presque à nous leurrer, permettez-moi, s’il vous plaît, de ne pas parler de ce qui change, ni de ce qui se répète, mais de ce qui dure.

Marion Muller-Colard

dimanche 28 juin 2020

la parole comme un glaive

Le glaive de la Parole Matthieu 10, 34-39.


Quel texte, chers frères et sœurs !
Un  texte « rabat-joie », car nous y trouvons les mots qui ne nous plaisent pas, les mots que nous n’aimons pas entendre.
Jésus parle de « glaive », mais nous ne voulons pas de glaives, ni matériels ni spirituels.
Jésus parle de « séparation », mais nous ne voulons pas de séparations, il y en a déjà tellement. Nous voulons unité, dialogue, compréhension, nous voulons vivre en bonne harmonie avec tout le monde.

Non, nous n’avons pas besoin d’une déchirure en plus.
Jésus nous dit qu’il vient diviser nos familles, qui ont déjà tellement de problèmes pour leur compte, c’est un miracle qu’elles tiennent le coup.
Il ne manque plus que Jésus vienne les diviser...
Mais ce n’est pas tout : Jésus nous dit encore que nous devons l’aimer plus que ceux que nous aimons le plus, c’est-à-dire que l’amour pour lui doit être plus grand que notre vie.
 


Ce texte me parle de tous les déchirements de ma vie, ce texte me parle au plus profond de moi, de mon cœur de mère et de ma souffrance devant mon impuissance à protéger mes enfants, devant la difficulté à maintenir le lien envers et contre tout, la difficulté de diverger ensemble, de ne jamais se lâcher de ne jamais se perdre.
Ce texte nous parle à chacun de ce qui nous est le plus précieux, de ce lien d’amour et de vie, de notre attachement à la vie reçue et à la vie donnée.
Ce passage s’éclaire par ce verset central :

Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi,
Et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi;

La vie reçue et la vie donnée.
Les liens les plus forts qui sont donnés à vivre, les liens de vie.
Ceux que nous aimons le plus au monde, ceux avec lesquels nous ne voulons aucune déchirure. Ceux pour lesquels notre douleur est la plus criante.

Et Jésus vient nous dire, qu’il est lui, celui qu’il convient d’aimer encore plus.
Il vient introduire une autre dimension, la dimension de la transcendance, la relation spirituelle, il offre la confiance en un Dieu qui prend soin de ceux qui nous sont le plus chers.
Aimer Dieu plus que nos parents ou nos enfants, c’est croire que quelque chose de plus grand que nos pensées, que nos rêves, que nos ambitions, que nos espoirs existent, et que Dieu lui-même les gardera, les conduira envers et contre tout.

Il y a là une forme de renoncement à nos rêves personnels parfois étriqués, aplatis, pour nous ouvrir à cette troisième dimension. Le renoncement dont il est question, c’est le renoncement à nous vouloir tout puissant, à nous croire comme Dieu, capable de savoir distinguer le bien et le mal, capable de savoir ce qui est le mieux pour chacun.

Aimer Dieu en premier, plus que tout, le mettre à la première place, c’est lui redonner sa place à lui, c’est lui qui est tout puissant, c’est lui sait, c’est lui qui conduit toute chose dans nos vies et dans la vie de ceux que nous aimons.

Il y a effectivement parfois dans les cœurs de pères et de mères une déchirure devant nos impuissances, et c’est là que le Christ vient poser sa main et son amour pour nous conduire vers la paix : il garde lui le contrôle et la toute-puissance.
Il est lui le Père céleste, et nous sommes avant toute autre chose, d’abord ses enfants à lui, nous sommes avant tout, fils et filles du Dieu tout puissant.

Le glaive, il ne vient pas s’abattre sur les autres, ni sur nous, mais en nous.
Il vient retirer, nos velléités de toute puissance.
Le glaive vient nous empêcher d’étouffer ceux que nous aimons.
Il vient nous remettre à la juste place : des mendiants de l’amour de Dieu
Le glaive vient retirer en moi cette ambition d’avoir le contrôle de tout. Le glaive me libère, et me rend libre, et rend libre ceux que j’aime.

Ce n’est pas le glaive du guerrier.
C’est le glaive de la Parole.
Quand Jésus dit « je suis venu apporter le glaive », il veut dire « je suis venu placer le glaive de la Parole de Dieu au cœur du monde ».

Cette Parole-là, qui retentit dans la Bible, est toute notre richesse, et notre pauvreté, car nous n’avons rien d’autre. Cette Parole-là, qui retentit dans la Bible, est toute notre force, et notre faiblesse aussi, car nous n’avons aucun autre appui.



Et cela nous permet de comprendre son curieux « Je ne suis pas venu jeter la paix sur la terre ». Il ne la jette pas comme le Père Noël envoie un cadeau par la cheminée. Dieu travaille à la paix, il ne la jette pas toute faite. Et il nous embauche sur ce chantier comme un apprenti, et il nous donne les bons outils, ou plutôt le bon outil, une épée.
Le monde continue à tourner tranquillement, avec son lot de belles choses et d’imperfections. Beaucoup attendent que Jésus arrange nos affaires, qu’il « Jette la paix sur terre ». Mais ça ne marche pas comme ça. La Paix ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur.
Ce que nous dit ici Jésus: « Je ne suis pas venu apporter la paix sur terre, mais le glaive », il apporte l’outil qui vous permettra d’être des artisans de paix à l’image de votre Père qui est dans les cieux.
Ce qu’il nous donne, ici, c’est une puissance qui opère en nous des miracles et c’est une capacité nouvelle qui nous est offerte de faire des miracles sur cette terre, en particulier celui de faire avancer la paix. Et même une triple paix : avec Dieu, avec les autres et avec soi-même.































Lecture de la Bible

Matthieu 10:34-40

 34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
 35 Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; 
36 et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
 37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; 
38 celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.
 39 Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.
 40 Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
                       




















Enfants :

Le texte que nous venons de lire n’est vraiment pas cool du tout.
C’est le genre de texte qui a besoin d’être expliqué parce qu’il n’est vraiment pas facile.

La semaine dernière, vous vous en souvenez un peu j’espère, le texte de l’évangile évoquait les relations compliquées que l’on peut avoir avec les gens autour de nous.

Aujourd’hui le texte parle des relations dans la famille, avec les parents.
Et là aussi l’évangile dit que parfois ces relations pourront être difficiles.
Il ne dit pas que c’est obligé, non, pas du tout, il se peut que parfois ce soit difficile.
Et vous savez pourquoi ?
A cause de la foi chrétienne.

Alors là, vous me direz que vous, c’est justement vos parents qui veulent que vous ayez une formation chrétienne.
Et puis je pense que lorsque vous vous faites gronder, lorsque vos parents vous font des remarques, ce n’est pas souvent à cause de la foi chrétienne.

Mais peut-être que parfois c’est le cas, lorsque vous voudriez jouer à la Play station ou faire du vélo avec les copains, et que vos parents vous disent que c’est l’heure d’aller au caté ou au culte.
Peut-être que parfois il y a eu des tensions dans votre famille à cause du culte.

Et bien le texte biblique d’aujourd’hui, il vient nous dire, que justement lorsqu’il y a des tensions dans la famille à cause de la foi chrétienne, il ne faut pas lâcher la foi. Que c’est ce qu’il faut mettre en premier, comme une priorité.
Parce que justement, si on met Dieu en premier, si on garde cette relation à Dieu comme importante, les tensions vont s’apaiser. Chacun retrouvera sa place, et la paix règnera dans la famille.
Parce que la foi chrétienne elle fait d’abord du bien à chacun, à chaque personne, elle permet de faire la paix en soi même, de faire tomber toutes nos tensions, de remettre à Dieu tout ce qui nous préoccupe, tout ce qui est trop lourd à porter sur nos épaules.
Et quand on a fait la paix en soi même, on arrive alors à être en paix avec les autres dans sa famille, et quand on est en paix dans sa famille on arrive aussi à être en paix avec le reste des gens que l’on connait, les amis, les copains.

Prendre le temps d’aller au culte, c’est prendre le temps de construire la paix en nous et avec les autres.

Et Jésus commence ce message en disant, que pour cela, il faudra parfois accepter des moments où on n’est pas en accord, où il faut tenir tête et dire, je ne suis pas d’accord avec toi, on ira au culte, même si tu es au beau milieu de ta partie de play station.

Vous voyez, Dieu c’est pas le Père Noël, il ne vient pas distribuer par la cheminée tout ce dont nous rêvons. Il vient nous rencontrer par la prière, par le temps de la méditation, du culte, et c’est avec nous, en nous.
C’est à chacun de nous de prendre ce temps pour le laisser travailler dans nos vies.

Et si parfois vos parents vous contrarient un peu en vous demandant d’aller au caté ou au culte, sachez que justement c’est pour vous permettre d’apprendre à vivre en paix, avec de bonnes relations avec tout votre entourage.



Ce texte il vient vous dire que pour être bien dans sa vie, on a besoin d’être bien dans sa famille. C’est super important la famille, c’est le premier lieu important.
Si on est bien dans sa famille, alors on sera bien avec ses amis, on sera bien dans les relations avec les autres personnes.

Et pour avoir de bonnes relations avec sa famille, il faut accepter qu’on est pas tout puissant, qu’on ne sait pas tout, qu’on a pas la vérité entière.
Dans une famille chacun fait de son mieux.




dimanche 14 juin 2020

De la traversée du désert à la traversée de la vie

" Moïse disait au peuple d'Israël : "Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant 40 ans dans le désert" Deutéronome  8,2

Je voudrais ne jamais T'oublier. Te remercier d'avoir mis sur mes pas des hommes et des femmes de bienveillance et de bonté, qui sont ma joie.
Te dire du plus profond de mes entrailles que je ne regrette rien. Tout est bien ainsi.
Même les larmes, même la peur au ventre, même les incertitudes qui me font crier vers Toi.
Je voudrais Te dire en secret, et ne l'imposer à personne, mais mon Dieu, tout est bien avec Toi !
Je ne comprends pourtant rien aux heures de nuit. Mais Tu le sais, car je Te l'ai assez dit.  
Je ne comprends surtout pas la peine que doivent porter ceux qui peinent déjà trop, ceux pour qui l'épreuve est trop longue et la nuit trop épaisse.
Je voudrais tant que Tu irrigues leur soif, que Tu aplanisses les monts arides  et que Tu adoucisses les déserts.
Je ne comprends pas qu'il faille 40 ans pour traverser ce désert bizarre, cette étendue si petite finalement, que l'on pourrait le faire en 5 jours.
A moins que ce ne soit pour apprendre Ton pas...
Car je sais de toute la force de ma petite foi, que Tu es là dans ce désert, plus assoiffé que moi, plus fatigué que moi, plus inquiet que moi, 
plus perdu que moi, Toi mon Dieu,  perdu volontairement chez les hommes perdus, pour les trouver.
Je ne sais pas où Tu nous emmènes, mais cela m'est égal, si c'est avec Toi et tous ensemble que nous y allons.
Ma maison, ce sont ceux que j'aime, et ma maison c'est Toi.
Ô mon Dieu voyageur, ne nous lâche pas !
Et toi, mon frère lecteur, compagnon de ces marches, sois sûr que notre grand Dieu tient ta main bien fort, surtout lorsqu'elle tremble. 
Oui, sois sûr !



Sr Anne Lécu, dominicaine, médecin à la prison de Fleury-Mérogis,

Le temps de la halte

Pour bien vivre sa vie, il est nécessaire d'être à l'écoute de ce qui vient du plus profond de nous-même. Entendre les messages chuchotés par notre âme. Mais notre âme est comme un ange qui murmure d'une voix si douce, si faible, qu'il faut tendre l'oreille. Comment veux-tu la percevoir dans le brouhaha incessant ? Comment veux-tu y prêter attention quand ton esprit est accaparé par des milliers de choses en dehors de toi-même ?


Laurent Gounelle 

samedi 13 juin 2020

Chaque heure de ta vie

Fais que chaque heure de ta vie soit belle.
Le moindre geste est un souvenir futur.


Claude Aveline